Abbaye Saint-Martin
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Nike : Jusqu’à 50% sur les articles de fin de saison
Voir le deal

Vie d'André de Valence

Aller en bas

Vie d'André de Valence Empty Vie d'André de Valence

Message  Pie de Valence Mer 1 Mai - 21:22

VIE D'ANDRE DE VALENCE, dit ANDRE LE BOITEUX, traduction par Pie II, curé de Valence


VIE D'ANDRE de Valence, dit ANDRE LE BOITEUX

1) Un fils de bonne famille préparé à l'épiscopat

André naquit à Valence en l’an 1000 au sein d’une riche famille qui avait fourni moult éminents serviteurs tant au St-Empire qu’à l’Eglise, tous plus prestigieux les uns que les autres, et dont les ramifications s’étendaient depuis Lyon jusqu’aux confins de la Provence. Lui-même était le dernier fils du comte et de la comtesse du Valentinois, représentants de l’empereur germanique en ces lieux et ennemis jurés de l’évêque Humbert le borgne, un prêtre nicolaïte et simoniaque qui ne pensait qu’à s’enrichir et à étendre sans fin ses prérogatives, sans égard pour les droits de l’empereur. Aussi les rivalités étaient-elles nombreuses entre les deux pouvoirs.
Dans cette lutte, fort heureusement, le comte pouvait compter sur son immense famille et sa propre progéniture qui lui assuraient toujours un soutien indéfectible, mais surtout, il savait que l’évêque n’étant pas éternel,  il finirait bien par décéder et qu’il faudrait le remplacer un jour. C’est dans cette optique que, dès son plus jeune âge, André fut préparé et qu’il fut formé par les meilleures écoles et les meilleurs théologiens de l’Empire. C'était d'ailleurs l'époque à laquelle l'élan réformateur de Cluny commençait à souffler et comme le monastère des Iles des Lérins y avait adhéré, le comte finit par y envoyer son fils, âgé d'une dizaine d'années. Rien ne devait être négligé pour assurer la supériorité intellectuelle et morale du dernier rejeton de la famille et, le moment venu, pour l’imposer comme nouvel évêque, y compris en soudoyant quelques chanoines.
André y devint vite l'un des plus fervents étudiants du lieu, renforçant sa foi au contact de l'immense savoir livresque dispensé par ses maîtres et, lorsqu'il eut une douzaine d'années, il eut l'occasion de montrer toute l'étendue de sa sagesse et la qualité de son raisonnement. Les Iles de Lérins étaient, de temps en temps, soumises à des raids des Averroïstes. Aussi lui demanda-t-on :


« Imaginez que vous soyez capturé par ces sauvages et qu’on vous mette en demeure de choisir entre vous convertir à leur infâme doctrine et la mort. Quel serait votre choix ?
- Assurément, je choisirais la conversion.
- André, c’est honteux ce que vous me dîtes-là, s’offusqua son maître ; vous devriez choisir de mourir en martyr afin d’édifier ces hérétiques par votre mort à l’exemple de nombreux saints de l’Eglise!
- En quoi un mort peut-il être utile à Dieu, mon père ? Certes, ma mort en édifierait quelques-uns mais songez à la perte que ce serait à plus long terme : un mort ne prêche plus, n’agit plus, ne convertit plus. C’est un arc à une seule et unique flèche, tandis que moi, morbleu, je vous propose d’être un arc qui conserve toutes ses flèches,  plus rusé que ses adversaires …
- Plus rusé que vos adversaires ? Attention, André, menaça le maître,  je ne goûte guère les plaisanteries et j’espère que ce n’est pas un tour à votre façon pour vous jouer de moi et vous moquer de notre sainte religion !
- Du tout mon père, au contraire ! N’est-ce pas la foi qui compte ? Je peux bien me convertir à leurs doctrines, du moment que je n’y engage pas ma foi ! Se convertir de bouche est-il se convertir de cœur, mon père ? Et puis, quel mal y a-t-il à mentir à des hérétiques ?
- Aucun, certes, admettons, André, mais cela ne me plait guère, fit le maître, guère convaincu, et ?
- J’agirais comme le vers dans le fruit, maître ! Je profiterais d’être en vie pour instiller le doute dans l’esprit de mes bourreaux, j’essaierais ainsi de les convertir, étant bien plus utile à Dieu vivant que mort. Vous vous souvenez de l’histoire que vous m’avez contée, de cette anguille que Saint Corentin coupe chaque jour pour se nourrir et qui, le lendemain, est intacte ? Je serais comme cette anguille, maître ; je repousserais chaque fois que les Averroïstes voudraient me couper le chemin de la vraie foi et c’est moi qui, au contraire, les nourrirait des saintes paroles de Dieu jusqu’à les convertir et si, par malheur, j’étais découvert, alors oui, mon père, je saurais mourir en martyr pour ma foi, mais pas avant d’avoir tenté d’user de toutes les flèches de mon arc contre leurs infâmes croyances.
- Tu ne manques assurément pas de bon sens, André, même s’il va à l’encontre du commun ; tu iras loin et seul un esprit aussi rusé que le tien pouvait envisager d’user d’un tel moyen diplomatique pour tromper l’adversaire ! »

Cette conversation fut rapporté à l'abbé qui y vit la preuve d'une intelligence supérieure et sachant très bien la raison pour laquelle son père lui avait confié la formation du jeune homme, il entreprit de l'accélérer et quand l'évêque Humbert décéda cinq ans plus tard, parallèlement au comte, il mit tout son poids dans la balance pour convaincre les chanoines de choisir André pour lui succéder. C’est ainsi, qu’à peine âgé de 17 ans, André, tout frais émoulu du monastère des Iles de Lérins, se retrouva propulsé sur le siège épiscopal.

2) Comment il lutta contre le brigandage et en débarrassa le Valentinois

A cette époque, le brigandage était un mal endémique dans le Valentinois et, depuis l'accession d'André à l'épiscopat, il n'avait fait que redoubler, encouragé notamment par Géraud l'ivrogne, frère cadet d'Humbert le borgne, concurrent malheureux d'André à l'épiscopat et qui, devenu prêtre défroqué, n'avait de cesse de se venger et de venger l'honneur de sa famille qu'il jugeait insulté par son éviction du prestigieux siège. Les deniers coulèrent à flot, des armées de centaines de brigands très menaçants pour la foi et la vie des hommes et des femmes du Valentinois, recrutées parmi les païens et les sectes hérétiques se constituèrent sous son égide et celui des siens, et bientôt, Géraud l'ivrogne put lancer ses troupes à l'assaut de Valence.
Aussitôt, avec l'aide de son frère aîné, le comte Hésychius, André organisa la défense de la cité, appelant notamment les habitants à s'armer de bâtons, de poteries, de fourches, de pelles, de pioches contre eux... enfin de tout ce qu'ils pourraient trouver pour se défendre et à monter la garde sur les remparts afin de repousser le danger hérétique. Lui-même, armé de sa seule crosse d'évêque, s'y rendit, distribuant force coups, encourageant ses ouailles à frapper tant qu'est plus:

« Nous n'avons pas le temps de séparer le bon grain de l’ivraie. Il nous faut les navrer pour protéger nos biens, nos familles, nos personnes, et ce n'est pas œuvre impie que de tuer ces hérétiques et ces païens qui nous brigandent, car c'est demander ainsi l'aide de Dieu. En effet, si, au moment de la mort il nous pose à tous la question de savoir si on veut accepter son jugement ou revenir sur terre pour mener une vie meilleure, il arrive parfois, comme dans le cas des sept Princes-Démons, que Dieu ne la pose pas, sachant très bien que le mort en face de lui n'a aucune volonté ou possibilité de s'amender. Aussi l'envoie-t-il directement dans l'Enfer lunaire. Aussi, en nous défendant, nous ne devons pas craindre la colère de Dieu si beaucoup d'entre eux meurent sous nos coups. Dieu reconnaîtra les siens parmi eux ; il triera le bon grain de l’ivraie, gardera les irrécupérables et nous renverra les autres ! »

C'est aussi cours de cette bataille qu'il gagna son surnom d'André le boiteux, car malgré toute la vigueur dont il fit preuve, et même si la cité fut sauvée par l’ardeur de ses habitants contre Géraud l'ivrogne et ses troupes, l'évêque que sa seule crosse ne protégeait qu'insuffisamment, eut la jambe droite brisée par un assaillant et, bien que soigné, n'en garda pas moins une légère claudication qui lui valut son surnom.
C’est de cette action et de cette blessure que data la popularité de l’évêque auprès de la population.

Cet épisode lui donna aussi à réfléchir et après avoir reçu en songe les conseils d’un des archanges dont il avait oublié le nom à son réveil, dès qu’il fut à peu près rétabli, il alla trouver son frère et lui tint à peu près ce discours :


« Hésychius, on ne peut plus laisser encore longtemps les brigands sévir dans nos campagnes : ils tuent, pillent, rançonnent et c’est autant d’argent en moins qui rentre dans nos caisses et dans celle de l’Eglise, parce que les victimes deviennent trop pauvres pour payer les impôts qu’ils nous doivent.
- Que veux-tu que j’y fasse ? Ces brigands sont mobiles, bien payés par Géraud et le temps que j’assemble des troupes pour les combattre, ils se sont volatilisés quand j’arrive !
- Mon frère, il faut être plus ferme : imposer à ces vils individus, quand la justice s’en empare, d’indemniser les victimes en plus des amendes qu’ils ont à payer, mais surtout, il faut empêcher les petits seigneurs désargentés et les fils cadets de familles nobles de se joindre à eux. Il faut que tous ces nobles chevaliers jurent désormais de ne plus attaquer les pauvres, les veuves, les orphelins, les commerçants et les hommes d’Eglise sous peine d’excommunication et de lourdes amendes ; de même, il faut leur interdire de combattre du mercredi soir au lundi matin, sous peine des mêmes sanctions, afin de limiter les jours où ils pourront se comporter en brigands. »

Hésychius accepta de mettre en place les propositions de son évêque de frère à titre provisoire puis à titre définitif car, dès que la rigueur de la loi se fût abattue sur les premiers brigands pris, certains fils de nobles se gardèrent de soutenir leur cause et refusèrent désormais tout soutien à Géraud, tandis que d’autres partirent dans des contrées moins sévères, faisant ainsi considérablement diminuer la violence et le brigandage dans le Valentinois.

3) Comment il débarrassa la ville de Vienne d'une horrible créature et y établit le siège épiscopal

Enfin, averti des dangers que Valence avait courus lors de l’assaut mené par les troupes de Géraud, l’évêque n’eut de cesse de chercher un meilleur endroit pour implanter le siège épiscopal et y construire une nouvelle cathédrale. Ce fut l’appel des habitants de Vienne qui lui firent découvrir le lieu qu’il cherchait.
Il y avait alors, à Vienne, une étrange créature, un homme si contrefait qu’il ressemblait à une bête. Il effrayait tout le monde, non seulement par son aspect, mais aussi par les étranges questions qu’il posait. Si, par malheur, le pauvre passant qui venait à croiser sa route ne savait y répondre, sans pitié, l’horrible créature l’assommait, le ligotait et le précipitait dans le vide depuis l’une des collines qui dominaient la cité.
En désespoir de cause, les habitants qui savaient la façon dont l’évêque et son frère avaient délivré le Valentinois du brigandage, firent appel à lui. Sans perdre un instant, André répondit à leur appel et s’arrangea pour rencontrer l’horrible monstre qui lui posa la question suivante :


« Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ? »

La créature n’est pas maligne, pensa l’évêque ; me faire ce coup-là alors que, depuis que je boite, je dois marcher sur trois jambes, c’est un enfantillage pour moi :

« Il s’agit de l’homme, répondit André. De fait, lorsqu’il est enfant, il a quatre jambes, car il se déplace à quatre pattes ; adulte, il marche sur deux jambes ; quand il est vieux, il a trois jambes, lorsqu’il s’appuie sur son bâton »

Fou de douleur de voir l’étranger répondre aussi facilement et rapidement à sa question, la créature se précipita elle-même dans le vide, débarrassant à tout jamais la région de sa présence.
Mais cet épisode permit surtout à André de découvrir l’intérêt stratégique de la ville de Vienne, protégée par cinq collines offrant un grand potentiel défensif.  Il écrivit alors à Rome et obtint le déplacement du siège de l’évêché de Valence qui ne fut plus depuis pourvue que d’un curé, à Vienne qui devint le nouveau siège épiscopal.

André le boiteux mourut à l’âge vénérable de 77 ans, en 1077, un 05 octobre. Il est le saint patron des diplomates, de la ville de Valence dont il contribua à la défense et des fabricants de crosses épiscopales.
Son corps repose dans la crypte de l’église de Valence, église où la plupart des membres de sa famille avaient coutume de se faire enterrer.
La plupart de ses écrits, lettres, mandements, sermons, enseignements sont conservés dans le Andrea episcopo liber (Livre de l'épiscopat d'André) et se trouvent au scriptorium du saint-office à Rome dans l'attente d'être rapatrié a Valence .


Hagiographie rédigée par le père Pie de Valence, d'après le Livre de l'épiscopat d'André découvert dans les vieilles archives paroissiales

Pie de Valence
Admin

Messages : 234
Date d'inscription : 24/11/2012

https://abbayesaintmartin.forumactif.org

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum