Abbaye Saint-Martin
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Martin (saint) (Messe)

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Message  Pie de Valence Dim 8 Déc - 17:23

Messe pour la fête du saint protecteur de l'abbaye
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Comme à l'ordinaire, les cloches de la cathédrale se mirent à sonner afin d'appeler les fidèles à se rassembler autour de leur Créateur.
Pour ce mois de novembre, et parce que c'était le mois de sa fête, l'évêque de Langres avait choisi de rendre un hommage appuyé au saint patron du royaume de France, protecteur des abbayes de Tours et de Langres.
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Richement vêtu, comme à chaque cérémonie, il entra dans le chœur par la porte latérale réservée aux membres du clergé, accompagné des musiciens et des chantres de l'abbaye Saint-Martin.
Quand les cloches se furent tues, ils entonnèrent un hymne de circonstance à la gloire de leur protecteur pendant que chacun prenait place.
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Puis, arrivé devant l'autel, l'évêque se génuflexa et se signa au nom de Dieu, d'Aristote et de Christos, et, le chant terminé, se tournant vers l'Orient, il entama la récitation d' une Prière pour la protection du royaume et de son peuple

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Dieu Tout-Puisant et Eternel,
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Toi qui as établi l'empire des Francs, pour être dans le monde l'instrument de Tes divines volontés, le glaive et le bouclier de Ta Sainte Eglise et qui l'a placée sous l'insigne protection de saint Martin,
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Préviens toujours et partout de Ta céleste lumière et par l'entremise de saint Martin, le saint patron de notre royaume, les fils suppliants des Francs, afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser Ton règne en ce monde et que, pour accomplir ce qu'ils auront vu, ils soient remplis de charité, de force et de persévérance.
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Par Aristote et Christos,
Ainsi soit-il.
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La prière achevée, il se tourna vers l'assemblée et annonça le thème du jour.
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Aujourd'hui, je voudrais vous parler du chevalier aristotélicien à travers l'exemple que nous en a donné saint Martin, car avant d'être l'évêque que l'on connait, Martin fut un soldat de l'armée romaine qui participa à de nombreuses campagnes militaires jusqu'au jour de 354 où l'empereur Constance II ordonna une nouvelle campagne contre les Alamans.
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L'évêque lit alors l'histoire de la vie de saint faisant référence à cette expédition.
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Ses nouvelles convictions religieuses lui interdisent de verser le sang et il refuse de se battre. Pour prouver qu’il n’est pas un lâche et qu’il croit à la protection divine, il propose de servir de bouclier humain. Il est enchaîné et exposé à l’ennemi et, pour une raison inexpliquée, les Barbares demandent la paix.
L’année suivante il se fait baptiser à Pâques et entre ainsi dans la grande communauté aristotélicienne.
Comme vous l'aurez remarqué, converti à notre foi bien qu'encore non-baptisé, Martin refuse désormais de verser le sang et de se battre. Mais, allez-vous me dire, être aristotélicien signifie-t-il que Dieu n'aime pas les chevaliers et qu'il interdit à un bon aristotélicien de faire partie de la moindre armée ? Doit-on renoncer au métier des armes si on veut être un bon aristotélicien ?
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En fait, ce passage appelle plusieurs remarques.
Tout d'abord, il faut comprendre quel ordre donne l'empereur Constance II. Ordonne-t-il de défendre la Gaule contre un envahisseur ou ordonne-t-il de se rendre en terre étrangère pour faire la guerre à un peuple ennemi ?
Car, autant l'Eglise approuve et soutient la guerre défensive, celle par laquelle on se défend d'une agression extérieure contre laquelle il est légitime de se protéger, autant elle réprouve toute politique d'agression d'une nation ennemie, comme le rappelle Christos lui-même

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Que votre solidarité ne connaisse pas de frontières ! Souvenez vous, mes amis, qu'Aristote vivait dans un pays d'une culture peu tolérante pour les autres peuples. Aujourd'hui, vous devez savoir que toutes les nations ont droit au respect et leur peuple à la liberté et à notre amitié. (Vita de Christos, chapitre 9).
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Il convient donc de respecter la liberté de chaque peuple pour autant qu'il vive avec nous en paix et de cherche nullement à susciter troubles et guerres chez nous; c'est un précepte que tout chevalier aristotélicien se doit de respecter.
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Or, dans le texte consacré à la vie de Martin, il est précisé que c'est une campagne décidée par l'empereur, donc une guerre d'agression. C'est pour cette raison que Martin refuse d'y porter les armes, car c'est effectivement contraire aux enseignements de l'Eglise. Cela n'implique pas que Dieu n'aime pas les chevaliers. Ce sont deux choses différentes.
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Ensuite, l'auteur du texte n'a-t-il pas fait un léger anachronisme, anticipant sur la suite de la vie de Martin qui est devenu évêque ? En effet, l'interdiction de porter des armes et donc de verser le sang est destiné aux seuls hommes d'Eglise, comme le prouve la Vie de Christos.
Le Livre des Vertus recommande simplement, pour le commun des mortels, ainsi que pour les chevaliers, d'éviter de tuer un aristotélicien.
Encore que si les hommes d'Eglise n'ont pas le droit de porter des armes, il s'agit d'une interdiction de porter des armes offensives, mais, comme tout un chacun, s'ils sont agressés, ils ont le droit de se défendre à coups de bâtons de pèlerin ou de crosse d'évêques contre les malotrus qui les agressent.
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Enfin, troisième dimension du texte, la force et le courage, car, même sans arme, Martin n'hésite pas à exposer sa personne et, finalement, par le courage que représente son geste, à faire reculer les ennemis, impressionnés par tant de force tranquille et de détermination.
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Conclusion: Dieu ne condamne pas le métier des armes, mais le bon chevalier aristotélicien doit se limiter à la défense de son territoire et à ne pas porter la main contre d'autres aristotéliciens, à moins, bien entendu, qu'ils n'aient commis quelques délits punissables par la justice ordinaire. De même, il encourage les chevaliers à accomplir des actes de courage prouvant la force de leurs convictions et de leurs croyances. Le bon chevalier aristotélicien se doit de respecter le plus possible ces principes.

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Mais être un bon chevalier aristotélicien, c'est plus que cela, comme nous l'apprend un autre passage de la vie de Martin
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L'évêque lit alors le texte faisant référence à l'épisode sans doute le plus célèbre de la vie du saint
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Affecté en Gaule, peut-être pour sa connaissance du gaulois, c’est lors d’une de ces rondes de nuit qu’un soir d’hiver 338 à Amiens, il est touché par la grâce.
Sa route croise en effet un vieil homme transi de froid dans la neige. Martin s'approche de lui, doucement. Et Martin le guerrier, celui que tous redoutaient comprend. Il comprend que l'Amitié est plus forte que tout. Devant cet être misérable et résigné à la mort, il connaît l'émerveillement.
Il s'approche du vieillard, tire l'épée du fourreau. Il défait son manteau et le tranche afin de le partager. Sa vie sera désormais consacrée aux pauvres et à Christos.
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Comme vous le voyez, Martin, dans ce texte, vient en aide à un pauvre vieillard mendiant dans les rues d'Amiens en lui donnant une partie de son manteau, car être chevalier, c'est aussi et avant tout, être chevalier de Dieu, donc, à chaque instant, porter avec soi et mettre en application son message d'amour et d'amitié envers son prochain. C'est sur ces valeurs que se sont d'ailleurs constitués les Ordres militaro-religieux comme les Templiers, les Teutoniques et quelques autres.
En effet, on combat autant par les armes que par la compassion, la charité et l'attention portée à celui ou celle qui est dans la peine ou la détresse et tout chevalier qui porte haut ces vertus est l'un des plus beaux porte-glaive d'Aristote et de Christos dont il fait rejaillir la gloire.

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Aussi, est-ce guidés par l'exemple de saint Martin et de ses vertus que, face à la dégradation des mœurs chevaleresques, il y a environ quatre siècles, des évêques, des comtes et des chevaliers, émus par les violences et les brigandages dont certains d'entre eux se rendaient quotidiennement coupables, entreprirent une œuvre de régénération en imposant un peu partout la Paix de Dieu qu'ils firent jurer aux nouveaux chevaliers menacés des pires châtiments s'ils venaient à violer leur serment.
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Aujourd'hui, comme hier, suivre le modèle de vie proposé par saint Martin et renouvelé par la Paix de Dieu reste la boussole pour être et rester un bon chevalier aristotélicien.


Messe écrite et dite par Monseigneur Pie II de Valence, évêque de Langres en novembre 1461

Pie de Valence
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