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Saint Polin (messe, décembre 1469)

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Saint Polin (messe, décembre 1469) Empty Saint Polin (messe, décembre 1469)

Message  Pie de Valence Ven 19 Aoû - 14:50

Saint Polin (messe, décembre 1469) 220px-Cloche_Saint-Antoine_Murat

Le cardinal était en retard sur son programme, mais il tenait tout de même à honorer saint Polin, sait-patron de la ville de Langres dont la fête aurait dû avoir lieu le 18 novembre. Aussi les cloches sonnèrent-elles en ce 4 décembre 1469, pour inviter les personnes qui le souhaiteraient, à assister à l'office.

Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs,
soyez les bienvenus en notre cathèdrale.

Que le Très-Haut vous ait en Sa Sainte-Garde ! Amen !

Aujourd'hui, en l'honneur du saint patron de Langres, Saint Polin, nous nous appuierons sur un passage de son hagiographie pour parler des vessies et des lanternes.


Le cardinal ouvrit le livre des hagiographies et lut le passage qu'il allait ensuite commenter.

Polin, né en 1047 à Langres, eut, très jeune, une vie aventureuse, comme nous le relate le passage suivant:

Vers ses dix ans, alors qu'il était près d'une rivière en promenade avec son frère et sa sœur aînés, il vit sur la berge d’en face un objet brillant au soleil. Il décida de traverser la rivière pour aller chercher cet objet, malgré les mises en garde et les recommandations de ses aînés. Tant bien que mal, manquant se noyer à plusieurs reprises, il parvint à franchir la rivière et arriva tout trempé de l'autre côté. Il découvrit alors que l'objet de son désir n'était qu'un simple outil en métal qui reflétait les rayons du soleil. Bien que déçu par sa découverte, il fut fier d'avoir réussi à traverser la rivière et d'être allé jusqu'au bout de sa volonté.

Tout au long de son enfance il vécut des moments similaires où, malgré l'inconscience de ses entreprises, sa persévérance et sa volonté le faisaient toujours triompher des obstacles, même si le résultat n'en valait parfois pas la peine.

Entre condamnation d'une témérité inconséquente, admiration d'un courage inutile et référence au mythe de la caverne de Platon, comment lire ou comprendre cette aventure ?

Une respiration puis le cardinal enchaîna.

En vérité, cette aventure ne fait que confirmer - hélas ! - un travers commun à de très nombreux hommes : l'attirance pour tout ce qui brille, une attirance qui leur fait souvent entreprendre toutes les folies, même les plus dangereuses dans l'espoir d'y gagner fortune ou gloire.
Comme l'homme enfermé dans sa caverne qui ne voit et n'interprète le monde que par les ombres qu'il en perçoit, ils s'inventent tout un monde à partir d'une réalité qui n'est pas. C'est pourquoi ils n'ont souvent que des regrets car l'objet de leur désir correspond rarement à l'idée qu'ils s'en faisaient. C'est exactement ce qui est arrivé à Polin qui n'a compris qu'ensuite qu'il avait été victime de ses propres illusions fabriquées par ses propres désirs. Il a cru voir de l'or parce qu'il désirait de l'or. La réalité, sans doute due au Très-Haut, n'a fait que le ramener à la vérité.
Cette hagiographie nous apprend donc que, soumis à ces désirs, l'homme poursuit trop souvent des chimères qui lui font prendre des vessies pour des lanternes.

Mais ce n'est pas le seul élément à en retenir car, malgré son échec, Polin semble fier d'avoir fait mille folies et de les avoir surmontées, presque au péril de sa vie, guidé, nous dit-on, par sa volonté alors que ce n'était, en vérité, que l'appât d'un gain espéré. Il y avait donc beaucoup d'orgueil dans son attitude.


C'est pourquoi le Très-Haut ne le récompensa pas de ses efforts et ne lui donna qu'un vulgaire morceau de métal sans valeur. Il attendait de Polin plus de réflexion, plus de prudence, plus d'abnégation et Polin comprit sans doute la leçon car, dans la suite de sa vie, on le vit mesurer les avantages et les inconvénients et compenser sa hardiesse par la réflexion avant d'agir. C'est là qu'il devint véritablement saint, digne d'être imité comme lorsqu'il sauva Langres de ses ennemis.

A l’aube du troisième jour, il sortit de l’église et se rendit sur les remparts de la ville, suivi de toute la population qui souhaitait voir ce qu’il allait faire pour la sauver. Alors que le soleil se levait à l’horizon, il adressa une prière au Très-Haut pour qu’il leur vienne en aide. Quand il eut terminé, un silence total s’installa durant plusieurs minutes.
C’est alors que Polin se souvint de l’objet brillant de son enfance, de l’autre côté de la rivière ; il se rappela l’éclat de l’objet et combien les reflets du soleil sur celui-ci l’avaient aveuglés.
Il fit alors venir les meilleurs forgerons et les meilleurs charpentiers de la ville ; il leur ordonna de fabriquer le plus vite possible des miroirs concaves en étain qui seraient placés sur des chariots mobiles sur les remparts, dont on se servirait pour aveugler l’ennemi, le repousser et, avec la concentration des rayons du soleil, mettre le feu à la campagne environnante à la végétation toute sèche, pour le faire fuir.
Il ne fallut que quelques jours pour réaliser ce prodige qui organisa une véritable panique et la débandade dans le camp adverse, à la grande joie des défenseurs de la ville.
On loua Dieu qui, par cette ingénieuse idée, avait permis le sauvetage de la ville. En hommage à Polin on rebaptisa la cité Polinia et on honora Polin du titre de défenseur de la ville et de protecteur des croyants. Peu de temps après, il quitta la ville qui encore aujourd’hui honore la mémoire de son sauveur.

Savoir tempérer ses désirs, ne pas se laisser guider par eux, faire pour le plaisir ou l'envie de faire plutôt pour pour la fortune ou la gloire qu'on en espère, délaisser les chimères pour les réalités et arrêter de voir le monde par les ombres qu'il projette pour nous illusionner, telles sont les leçons qu'il faut tirer de la première partie de la vie de Polin de Langres.

Mais il y avait un autre enseignement à tirer de cette histoire car c'est la grâce divine qui changea le métal en or.

D'autre part, lorsqu'il découvrit que l'objet de sa convoitise n'était qu'un morceau de métal, Polin, tout à sa déception, ne vit pas quel parti il pouvait tirer d'un tel objet, parce que son désir déçu avait obscurci son esprit et, il est probable que pendant des années, il ait ressassé sa déception jusqu'à ce que le Très-Haut élève sa conscience.

C'est alors qu'opéra ce qu'on appelle la Grâce divine.
Langres, sur le point de succomber sous l'assaut de ses ennemis, Polin adressa une prière au Très-Haut et, toujours prompt à aider qui se tourne avec sincérité vers Lui, le Très-Haut lui envoya l'aide de Sa Grâce, sous forme d'une illumination soudaine : il entreprit de révéler à Polin ce qu'il n'avait pas su voir autrefois, que le morceau de métal tant dédaigné, resté comme une écharde en son cœur, était un trésor bien plus précieux que l'or convoité jadis.
Polin comprit, se souvint peut-être aussi d'Archimède, et mu par son intelligence et le Souffle divin, il sauva Langres.

Quiconque dédaigne le cadeau qu'on lui fait devrait plus souvent songer qu'il est peut-être plus précieux que tout l'or du monde et qu'il cache peut-être une utilité insoupçonnée.


Le cardinal conclut la cérémonie par la traditionnelle récitation du Credo puis, la messe dite, il vaque encore quelques instants dans la cathédrale à la disposition des fidèles.

Pie de Valence
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