Oane (messe 29 mars 1470)

**Pie de Valence** Ven 19 Aoû - 14:39

Les cardinaux avaient cette chance immense d'exercer un sacerdoce universel qui les autorisait à pouvoir prêcher partout où bon leur semblait, à l'image d'Aristote et de Christos et, comme assez régulièrement, il passa par la Sainte-Chapelle de Dijon pour une messe.

Les cloches sonnèrent, les fidèles et les curieux entrèrent et les prières d'introduction furent dites, puis la lecture du jour et son commentaire débutèrent.

Mes biens chers tous, soyez les bienvenus.

je voudrais profiter de cette messe pour revenir sur l'une des figures centrales de notre Eglise, le Patriarche Oane.

Par la foi, Oane obéit quand Dieu l’appela. Après qu'Il l'eut distingué d'entre les Hommes, il partit pour un pays inconnu qu'Il lui promit en possession.
Il partit sans savoir où il allait, uniquement guidé par sa confiance.
Il vécut comme un étranger sur des terres inconnues sans s'effrayer.
Il habita sous la tente, ainsi que tous ceux qui étaient avec lui et qui avaient reçu la même promesse.
Il partit car il avait l'intime conviction et même plus, la ferme croyance - la foi -, qu’au bout du chemin, il y aurait une cité faite de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur, le Paradis solaire et sa promesse d'immortalité de l'âme.

Par la foi, Oane fut aussi rendu capable d'être le père de tout un peuple, alors qu'il avait passé l'âge de l'être avec la certitude que Dieu tiendrait sa promesse. C'est ainsi qu'à partir de ce seul homme, pourtant déjà marqué par la mort, naquirent des descendants nombreux comme les étoiles dans le ciel, innombrables comme les grains de sable au bord de la mer.

Ainsi, s’accomplit son destin. Oane eut confiance en Dieu et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi. Et Dieu l’appela son ami.

Un ami, qu'est-ce c'est ?
Juste quelqu’un qui vous connait bien et qui vous aime quand même.
Alors, je ne sais pas si vous avez un tel ami, mais Oane, lui, en a eu un et par n’importe lequel, Dieu lui-même !

Le cardinal fit une courte pause respiratoire avant de développer son propos.

Il reprit.

Cependant, allez-vous me dire, si l'amitié de Dieu, c'est la récompense d'une perfection qu'incarnerait Oane, alors c'est inquiétant parce notre foi est souvent chancelante, nos actes pas toujours à la hauteur de ce que l'on voudrait qu'ils soient et nous sommes loin d'être justes, c'est-à-dire parfaits.

Voire...
Tournons-nous vers les écrits qui nous parlent d'Oane, les apocryphes, non-reconnus officiellement par l'Eglise, mais aussi et surtout le Miroir d'Oane qui, lui, est partie intégrante du Livre des Vertus.
Qu'y apprend-on ?

Oane était le Père des croyants, il obéissait à Dieu. Pourtant, les écrits que je viens de citer nous montre qu’il n’était pas un super-héros. Il n’a pas suivi à la lettre un corps de doctrines, il a cru, comme il pouvait, cahin-caha, découvrant peu à peu un Dieu qui lui parlait et qui l’invitait à la Vie. Il n’a pas toujours été dans une confiance sans faille en ce Dieu ; il a eu des moments de doute et de découragement, il a eu des moments où il n’y croyait plus, il ne suivait pas des cérémonies ou des rites réguliers, il a même reçu la bénédiction d’un prêtre d’une autre religion.
Enfin, il n’a pas fait que des choses bonnes, il a plusieurs fois pris des initiatives malheureuses, tout seul, qui lui ont fait du mal, à lui et à d’autres. Il n'était donc pas un super-croyant à la morale irréprochable.

Non, s’il était juste, c’est parce que Dieu l’avait rendu juste, c'est-à-dire bien ajusté à lui, conforme à sa vision de l'Homme, de ses forces et de ses faiblesses.
Dieu est devenu son ami parce qu’il connaissait bien Oane et qu’il l’aimait quand même malgré ses imperfections parce qu'Oane a été le premier à comprendre que l'amitié de Dieu rend libre, porte, donne confiance.

La foi, ce n'est pas croire que, c'est croire en ! Oane eut confiance, crut en Dieu et c'est cela qui l'a porté, de même que Dieu eut confiance, crut en Oane.

"Je crois en toi", dit Dieu à Oane, mais c'est aussi à chacun d'entre nous qu'il le dit. Alors, il est temps, nous aussi, de lui dire que, nous aussi, nous croyons en Lui, que nous lui faisons confiance comme Il nous fait confiance malgré nos imperfections et que nous sommes, nous aussi, ses amis afin que notre foi mutuelle nous porte et nous libère.

Amen.