Chapitre I de la Vita de Christos (messe avril 1470)

**Pie de Valence** Ven 19 Aoû - 14:42

Décidé à redonner un peu de vie à la halle de Joinville, l'évêque-duc de Langres, cardinal émérite de la Sainte-Eglise, prêcheur dans les Grandes Cathédrales du royaume, fit sonner les cloches de l'église du village pour la messe du dimanche.

La messe débuta par un Gloria qui résonna sous les voûtes pour accueillir les fidèles le temps qu'ils prennent place puis le cardinal s'avança

Soyez les bienvenus en ces lieux. Que la paix soit avec vous
Aujourd'hui, nous méditerons sur un extrait du chapitre premier de la Vita de Christos.

Maria vivait avec Giosep qu’elle allait épouser. Tous deux étaient d’humbles vagabonds, mais ils vivaient dans la vertu, en remerciant le Très Haut des bienfaits terrestres dont ils jouissaient. En outre, ils éprouvaient l’un pour l’autre un amour sincère et pur de toute luxure, leur vie était heureuse. Mais un jour, Maria vit en songe un cavalier venant de loin aller à sa rencontre. Arrivé devant sa maison, il mit pied à terre. C'était un homme d’allure majestueuse; il s’avança, et dit :

" Maria, n’aie crainte, car l'Eternel t’aime et t’a choisie. Aussi, un enfant va naître de toi, que tu nommeras Jeshua. Il sera un guide, un messie habité par Dieu. Il portera la parole de Dieu partout ou il lui sera donné d’aller et sauvera le peuple de ses péchés en lui enseignant la sagesse d’Aristote. "

Le cavalier repartit ensuite vers sa contrée lointaine comme il était venu. Maria se réveilla à ce moment là et vit Giosep devant elle la regarder avec des yeux amoureux.

Et il advint ce que le songe avait annoncé, Marie conçut un enfant, et les deux parents firent en tout selon la prophétie d’Aristote, le nommant Jeshua.

Pour l'ensemble du monde aristotélicien, ce texte est l'annonce du bonne nouvelle : la venue d'un messie, d'un sauveur envoyé par Dieu pour le guider vers la sagesse.

Mais, comme le montre le texte, ce ne fut pas le cas pour ses parents où il est plutôt question d'une paix troublée car il est écrit : "leur vie était heureuse, mais un jour Maria vie en songe un cavalier".

Parla-t-elle de son songe à Giosep ? N'en parla-t-elle pas ? Personne ne le sait et le texte reste muet sur la question, si ce n'est qu'il précise que "les deux parents firent en tout selon la prophétie d'Aristote", ce qui ne veut pas dire grand chose puisqu'il n'est pas impossible que Maria ait convaincu Giosep de nommer leur fils Jeshua, sans pour autant mentionner pour autant le message du cavalier.

Encore plus bizarre, le cavalier, pas très futé, aurait demandé aux parents de nommer leur fils Jeshua alors que, s'il avait été un envoyé de Dieu, il aurait su que l'enfant se ferait connaître sous le nom de Christos et non sous celui de Jeshua.

Enfin, si l'on ajoute que l'enfant est né à Bethléem dans une bicoque délabrée parce qu'il n'y avait plus de place à l'auberge, on se dit que rien ne semble vraiment coller dans ce texte.

Alors, que faut-il méditer allez-vous me dire ?

La capacité de l'Etre humain a réinventer sa propre histoire pour l'embellir et l'enjoliver à des fins de propagande, ce qui, au fond, ne change rien car qu'il ait été messie par une prophétie ou par sa propre conviction, l'essentiel, c'est que Christos se soit assez convaincu de l'être pour transformer le monde et c'est peut-être ça le plus important.

Car Christos ne savait ni lire, ni écrire et ne connaissait rien de la philosophie grecque, mais il avait, chevillée au corps, une intime conviction, celle d'avoir quelque chose de grand à accomplir. C'est en se forgeant, en se fabriquant lui-même que Christos est devenu Messie, tout entier hanté par un Dieu qu'il magnifia et dont il finit par être habité, au point que celui-ci le rappela à Lui dans toute la gloire de Sa puissance afin de montrer que Christos avait atteint le but qu'il s'était fixé.

Amen.

Et la méditation du jour de se terminer par la récitation du Credo.