Bénédiction de SAR Lanfeust (décembre 1463)

**Pie de Valence** Mer 2 Mar - 21:54

Le Primat de France n'avait que peu d'espace à franchir entre le Palais du Tau, où il logeait provisoirement en la cathédrale de Reims. Aussi est-ce à pieds, uniquement escorté de son secrétaire particulier et revêtu de ses plus précieux ornements sacerdotaux qu'il s'y rendit, passant par la porte latérale réservée au clergé canonial afin d'échapper à la compression de la foule et des bousculades qui en résultaient toujours.
D'un pas auguste, il alla solennellement prendre place près du maître-autel au son d'un chant sacré qui fut exécuté dès qu'on le vit entrer. Là, il attendit l'arrivée de ses confrères et consœurs, de la Cour, du roi et du peuple, tenant en sa main le rouleau de parchemin qui contenait le message et la bénédiction qu'il avait préparés.
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N.B.: la bénédiction fait suite à la Messe de Noël de SE Endymion, prononcée en la cathédrale de Reims.
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Le Primat de France se leva à son tour. Il s'avança vers l'autel principal et s'arrêta au milieu des quelques marches qui permettaient d'y accéder. Il entreprit de dresser le portrait du bon prince aristotélicien avant de donner sa bénédiction au couple royal

C'est avec une grand plaisir et une grande joie, dit-il, que nous sommes réunis ce jour en la cathédrale de Reims parce que cette cérémonie rappelle combien le peuple de France et ses souverains sont pleinement et indissolublement aristotéliciens et qu'il leur peine de rompre ce lien pluriséculaire qui les unit à l'Eglise.

Les masses de granite qui fondèrent notre société, en effet, ont été posées il y a bien longtemps à l’Eden du monde par Oane le patriarche ; elles forment aujourd’hui la base de notre culture oano-aristotélicienne et de la morale qui lui est liée.
Elles s’imposent aux particuliers et bien plus encore aux princes de ce monde qui ont été institués par Dieu pour servir de modèles et d’exemples à leur peuple.
Il leur faut donc toujours avoir à l'esprit que, leur pouvoir venant d'en haut, ils doivent s'efforcer de guider leurs sujets dans la voie de la Vertu, les faire vivre en bons aristotéliciens et conformer leurs décisions à cette éthique.
De sorte que, bien qu'autonomes et libres de leurs actions, sans aucune intervention directe de l'Eglise, parce qu’ils sont aristotéliciens, les princes, naturellement baignés par cette culture et par cette morale, doivent l'utiliser comme boussole pour conduire leurs peuples vers les verts pâturages du Paradis solaire.
Ils doivent donc écarter de leur route tout ce qui peut les conduire dans les bras de la Créature Sans Nom, vivre en bons aristotéliciens, s’entourer des conseils d’un guide aristotélicien sans faille, s'abstenir d'actes inamicaux envers l'Eglise et ses fidèles et réparer les torts qui ont pu leur être fait, car, en vérité, il ne saurait y avoir de princes véritablement aristotéliciens sans cela.

C’est ce que rappelait Saint Thomas au comte de Toulouse quand il lui disait

Tout pouvoir vient de Dieu par le peuple. L’autorité temporelle n’est autonome qu’autant qu’elle conserve ce principe en mémoire. Elle ne peut donc gouverner que dans le respect de la norme qui la fonde, par là même avec l’assentiment de l’Eglise.

Le pouvoir temporel, dit St Thomas, est autonome, c'est-à-dire que l'Eglise n'a aucune raison d'intervenir dans la gestion courante des affaires de l'Etat: la guerre, la paix, la gestion des finances, de l'armée, etc... relèvent de la seule souveraineté royale.
L’Église, tant que cela n'impacte pas la foi des fidèles, n'a aucune de raison de s'en mêler, tout comme le temporel n'a pas à s'occuper du spirituel.
Mais si chacun s'abstient de vouloir gérer les affaires de l'autre à sa place et si le Prince se conforme à la culture et à la morale oano-aristotéliciennes, il n'y a aucune raison, on le voit bien, de ne pas avoir d'excellentes relations; et si les deux pouvoirs veulent collaborer sur divers sujets, c'est une très bonne chose car c'est l'essence-même de l'union du trône et de l'autel et cela ne peut qu'aider le peuple à trouver plus aisément le chemin du Paradis solaire.

La bénédiction que nous vous avons proposée et que vous avez accepté ouvrent, nous l’espérons, ces heureuses portes.

Le Primat de France invita alors le roi et la reine à venir s'agenouiller devant l'autel, puis, cela fait, il prononça sa bénédiction

Par la volonté de Dieu, vous avez été choisis pour gouverner notre terre dans la magnanimité, dans la justice et dans la foi aristotélicienne.
Je vous bénis devant vos gens, devant Dieu et devant votre conscience. Que le Très-Haut vous guide dans les choix que vous prendrez.
Au nom de Dieu, des deux prophètes et de la sainte Église aristotélicienne, je bénis votre règne pour qu'il soit prospère, fécond comme la terre en printemps, juste et soutenu de la clairvoyance du Très-Haut.
Je bénis ceux qui vous assisteront de leurs conseils avisés: qu'ils soient éclairés de la lumière divine comme fut éclairé Christos pendant les jours qu’il passa dans le désert.
Éloignez l'iniquité de votre vie, éloignez les choix méprisables et suivez la morale aristotélicienne, respectez la foi en Dieu comme vous l’impose le baptême.

Ensuite, il invita l'assemblée à poursuivre cette bénédiction par une prière pour le roi

Prions pour le roi
ainsi que tous ses conseillers.
Que chacun d'eux, par le don de Ta Grâce,
Puisse conjurer l'adversité
Et rendre sa prospérité au royaume;
Que Saint Arnvald le justicier, le protège;
Que le très Saint-Louis, roi de France le guide;
Que la lance de St-Michel le défende contre les mauvais coups.
Amen.

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Copie de la cérémonie à Notre-Dame écrite et dite par Monseigneur Pie II de Valence, en décembre 1463